Actus 13 Oct - Art

Les sorcières par le prisme de l’art

L’art ne peut pas changer le monde directement mais il ouvre des horizons et pousse à la réflexion, à la remise en question. Il est un outil pour transformer les gens qui eux pourront s’engager à changer le monde. Que ce soit pour promouvoir la paix tout autant qu’attiser la haine.

Le traitement des sorcières en est un exemple frappant. Au fil des siècles, l’art s’est employé tour à tour à répandre des émotions inquiétantes envers ces femmes, puis dans un second temps, c’est devenu la métaphore d’une lutte féministe. 

Mais qu’entendons-nous exactement par sorcière ? Ce terme remonte à l’antiquité pour décrire les femmes qui vivaient en osmose avec la nature. Au fil des siècles, les attributs ont légèrement changé mais le socle est toujours le même : un rapport particulier à la nature, une connaissance des plantes et de la lune, guidés par une intuition forte. 

Au milieu du XIIIe siècle et jusqu’au XVIIIe siècle, l’identité de la sorcière est devenue cauchemardesque. De nombreuses peintures et lectures guidées par l’église ont propagé l’idée que les sorcières étaient passées sous l’influence du diable. Cela conduit à des dizaines de milliers de condamnations à mort. 

Au XXe siècle, les mouvements féministes artistiques se sont emparés de la figure des sorcières pour promouvoir leur lutte politique, féministe, écologiste, réfutant le système capitaliste, la domination des corps et de la nature. Ce mouvement a remis à la surface les génocides subis par des milliers de femmes quelques siècles plus tôt. 

L’art a donc largement contribué à changer la vision de ce mouvement de sorcières. Tous les supports ont été utilisés à ces fins, dessin, peinture, photo, sculpture, danse, cinéma, musique… 

En 2021, les sorcières restent une source d’inspiration et de critique du système capitaliste pour de nombreux.ses artistes. 

C’est le cas de Mimosa Echard, une artiste plasticienne qui travaille sur les matières, les étudie et les mélange tel une chimiste. Son travail a notamment pour vocation de dénoncer la domination des corps et de la nature.

Il y a également Cindy Sherman, une artiste photographe connue pour ses séries de photographies fortes de sens. C’est en 2012 pour sa série à la galerie Gagosian qu’elle se grime en sorcière pour la première fois. Cette série aura pour objectif de casser et déconstruire les stéréotypes féminins et mettre en lumière  la complexité du genre. 

Starhaw, l’une des pionnières d’un mouvement de sorcière écoféministe est une artiste mondialement connue pour ses livres qui deviendront pour la  plupart des best-sellers. Elle utilise l’écriture pour faire passer des messages et partager sa vision du monde.

Voici un florilège d’oeuvres célèbres qui traite des sorcières ces dernières décennies :  

  • Un magazine : Sorcières, fondée par Xavière Gauthier en 1975. C’est l’une des revues féministes les plus diffusées de la décennie
  • Un film : Les sorcières d’Akelarre de Pablo Agüero et Katell Guillou sorti en août 2021. 
  • Un livre : Le complexe de la sorcière d’Isabelle Sorente. Écrivaine française dont les romans traitent notamment de la cruauté des phénomènes contemporains, comme l’addiction ou le racisme.
  • Une peinture : Sitting with a Snake de Kiki Smith. Artiste multidisciplinaire américaine qui propose une manière inédite d’explorer le rôle social, culturel et politique des femmes. 
  • Une sculpture : « La fiancée du pirate » d’Anita Molinera. Plasticienne, peintre et sculptrice française qui fait se rencontrer des objets et des matériaux de récupération. 
  • Un street Art : Maudites sorcières de Miss Tic. Plasticienne et poète d’art urbain française, très connue pour ses oeuvres au pochoir qu’elle tague sur les murs de la capitale française
  • Une performance : Sporal de Mimosa Echard qui sera exposé au Palais de Tokyo au printemps 2022. Elle interrogera les relations particulières des rapports de l’être humain, de la nature et de l’environnement.
  • Une chorégraphie : « La danse de la sorcière » de la chorégraphe Mary Wigman. Principale représentante de la danse expressionniste et la plus célèbre danseuse allemande de l’entre-deux-guerres.
  • Une musique : Patriarchy is Burning du Gang of witches, un collectif artistique pluridisciplinaire engagé dans les questions d’écologie et féministe. 

Il y aurait encore des centaines d’artistes à présenter aujourd’hui tant ce sujet prend de l’ampleur dans la sphère artistique mondiale. Et vous, avez-vous déjà vu des artistes traiter de ce sujet des sorcières ?

Crédits photos : Joshua Newton (Unsplash)